Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/67

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Italie. Le haut d'une montagne. Une grotte d'ermite. Au fond, l'entrée, ouverte sur l'espace. A terre, dans un coin, une natte de paille. Dans le coin opposé, un petit autel sur lequel est posée une tête de mort. Dans un creux de rocher, une cruche d'eau, un pain noir, un plat de bois où l'on voit des pommes et des châtaignes. Des pierres pour sièges, une plus grosse pour table. Horizon de forêts, d'escarpements brûlés et ravinés, de précipices. Au loin, un torrent. Dans la brume, le clocher d'un monastère. }}



Scène I


François de Paule, seule




Il prie agenouillé. Il s'interrompt et se lève. Il écoute. On entend un bruit de trompes et de cors et des aboiements confus.

Qu'entends-je là? Je dois me tromper. C'est la cloche.

Il écoute.

Non, c'est le cor. Le cor sonnant de roche en roche!

Il écoute.

Parfois le torrent semble une foule de voix Que le vent entrecoupe et mêle au bruit des bois.

Il écoute.

Non. On chasse.

Il regarde au dehors.

Oh! devant la meute, la fanfare,

Le hallali, le bois mystérieux s'effare,

Et pour la bête, alors, l'homme, c'est le démon.

Il écoute. La rumeur de la chasse est de plus en plus distincte.

Scandale affreux! Depuis Dorothée et

Simon, Dans ce désert béni, fief sacré du saint-père,

L'ermite avec le loup partage le repaire;

Sous la fraternité des branchages épais

On s'aime, et la nature et l'homme ont fait la paix.