Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/70

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Nous nous sommes connus à Valence.

Il s'appelle Borgia . Mais toi, prêtre en cette âpre chapelle,

Qu'es-tu, vieillard que Dieu dans ce désert guida?

Ton nom?

François de Paule


François de Paule. Et vous?

Torquemada


Torquemada. Il recule avec respect devant l'ermite.

François de Paule! un saint!

François de Paule


Non.

Torquemada


Tu rends des oracles!

François de Paule


Non.

Torquemada


Mais tu fais, dit-on, mon père, des miracles?

François de Paule


J'en vois. Tous les matins l'aube argente les eaux,

L'énorme soleil vient pour les petits oiseaux,

La table universelle aux affamés servie

Se dresse dans les champs et les bois, et la vie

Emplit l'ombre, et la fleur s'ouvre, et le grand ciel bleu

Luit; mais ce n'est pas moi qui fais cela, c'est Dieu.

Torquemada


Père, Jésus nous met l'un en face de l'autre.

Moi qui suis le voyant, je parle à toi l'apôtre;

Ecoute. N'as-tu pas quelquefois réfléchi

Au pape, homme à tiare et sépulcre blanchi,

Et ne t'es-tu pas dit qu'un inconnu peut-être,

En présence du faux pontife, est le vrai