Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

Tenez, ces grappes d’or, c’est le napel. Mon hôte,
Goûtez-y, vous mourrez ce soir. Est-ce ma faute ?
Nulle brutalité. Cette église est un nid ;
Mais n’ayez appétit de rien.

Mais n’ayez appétit de rien. Passant les broussailles en revue.

Mais n’ayez appétit de rien. Cet aconit
Vous tuerait. N’allez pas porter à votre bouche
Ce pépin, c’est l’archis qui brûle ce qu’il touche.

AÏROLO, à part.

Botanique à noter. Ces gracieux détails
Me captivent.

MESS TITYRUS, continuant.

Me captivent. Au frais, croissent, sous ces portails,
Les girolles ; ce sont des plantes fort aiguës ;
Socrate aurait céans un bon choix de ciguës ;
La scammonée, un lys que hait l’effroi public,
Prospère en ce jardin parmi le basilic ;
Voici la mandragore avec la couleuvrée ;
Voici le stacte où boit la vipère enivrée ;
De sorte qu’on se voit protégé par les nœuds
D’un saint asile, orné d’arbustes vénéneux.

Aïrolo disparait.

On est fort bien ici ; l’air est pur, l’ombre est noire.
Condition : ne point manger, et ne point boire.
À cela près, logis charmant. Pour déjeuner,
La rosée, et, le soir, la lune pour dîner.
Menu maigre. Ah ! que l’homme a des passions folles !
Sire, ils doivent crever de faim.

LE ROI.

Sire, ils doivent crever de faim. Tu me consoles.

MESS TITYRUS.

Crever !

LE ROI.

Crever ! En es-tu sûr ? Tu flattes le tableau.