Grincer des dents devant deux enfants amoureux,
Est-ce assez bête !
C’est ici que du roi vous dresserez la table.
Sa Grâce y veut manger.
Avec deux affamés pour assaisonnement.
Sentir autrui souffrir, cela complète un rêve.
Il aura bien meilleur appétit si l’on crève
De faim auprès de lui.
Je ne suis pas pour lui, je ne suis pas pour eux ;
Je regarde. Le sort, fil obscur, se dévide.
Eux ils s’adoreront, pâles, l’estomac vide ;
Et lui se vengera des baisers en mangeant.
La volonté des rois soit faite ! En y songeant,
Je ris de ce réseau bizarre de caprices,
Crible à travers lequel ne passent que les vices.
Sans me risquer à rien vouloir ni souhaiter,
Je ne haïrais pas de voir se refléter,
Pour le plaisir des gens qui sont là, pour le nôtre,
Le supplice de l’un sur la face de l’autre,
Eux épris, lui gavé, s’enviant tour à tour,
Eux Tantales de faim, lui Tantale d’amour !
Ce ne serait point mal comme spectacle.
Qu’un bruit perce à travers cette forêt qui tremble,
C’est peut-être le roi qui m’appelle.