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MANGERONT-ILS ?

ZINEB.

Cette plume magique est prise au héron-flamme,
Et fait vivre celui qui la porte, cent ans.

AÏROLO.

Vous me faites cadeau de votre siècle.

ZINEB, se soulevant.

Vous me faites cadeau de votre siècle. Attends.
Je veux te l’attacher moi-même.

Elle attache la plume au chapeau d’Aïrolo.

Je veux te l’attacher moi-même. Ô mon fils, sache
Que ni le gibet, ni le bûcher, ni la hache,
Jusqu’au jour où cent ans auront passé sur toi,
Ne peuvent entamer ce talisman. Sa loi
C’est de te protéger toujours, quoi qu’il advienne.
Même pris, tu verras la gueule de l’hyène
Et la main du bourreau s’ouvrir pour te lâcher.
Tu te riras du roi, tu braveras l’archer.

Elle achève de fixer la plume et lui met le chapeau sur la tête.
Je fais un front sacré de ta tête proscrite.

Car cette plume est fée, ami, selon le rite
Suivi par Mahomet pour sa jument Borak.

AÏROLO, à part.

Elle surfait sans doute un peu son bric-à-brac.

ZINEB.

Tout ce que je te dis, tu dois le croire.

AÏROLO.

Tout ce que je te dis, tu dois le croire. En masse.
Oui.

Oui. À part.

Oui. Rien n’afflige plus les gens qu’une grimace
Quand ils nous font cadeau, par grande affection,
D’un bibelot cueilli dans leur collection.