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REVUE DE LA CRITIQUE.

Deux Trouvailles de Gallus et Mangeront-ils ? Car nous nous rappelons avec quel succès les saynètes de Toute la lyre furent représentées soit à la Comédie-Française à l’occasion du Cinquantenaire de la Légende des siècles, soit à l’Odéon, dans les matinées du théâtre romantique ; et elles n’avaient pas l’importance et la valeur des pièces des Quatre Vents de l’Esprit et du Théâtre en liberté.



II

REVUE DE LA CRITIQUE.


Le Théâtre en liberté reçut un chaleureux accueil à son apparition. La critique loua la verve étincelante, la fantaisie spirituelle, la richesse de langage du poète.


Le Charivari.
Pierre Véron.

… Ceux qui ont approché le grand poète n’ignoraient pas que ce génie sublime avait ses heures de caprice. Dans la conversation, il se plaisait souvent, après avoir émerveillé par quelque commentaire profondément philosophique, à se lancer soudain dans le paradoxe. On retrouve dans le Théâtre en liberté ce mélange curieux de grave et d’humoristique, de tendre et de railleur.

… J’ai dit que le Théâtre en liberté se composait de sept œuvres, toutes variées de ton. D’abord la Grand’mère, une comédie qu’on parle de monter rue Richelieu. Puis l’Épée, composition sévère et puissante. Et encore : Sur la lisière d’un bois, les Gueux, Être aime, la Forêt mouillée.

… Un fragment nous attire tout particulièrement. Un fragment de Mangeront-ils ? Il y a là un personnage du nom d’Aïrolo, d’une verve vraiment prodigieuse. Cet Aïrolo récite quelque part un monologue de près de trois cents vers qui est une véritable merveille.

… L’ancien héraut criait : le roi est mort, vive le roi ! C’est la France qui, en lisant les œuvres que lui lègue cet intarissable, criera : Hugo est mort, vive Hugo !


Le Voltaire.
J. A. Magen.
La Fête de l’esprit.

Ce livre posthume s’appelle : le Théâtre en liberté. Il est jeune, il est ardent, il est beau d’une beauté triomphante. On croirait en vérité qu’il a jailli d’un front de trente ans. L’amour y murmure, sur des rythmes divins, sa chanson toujours fraîche, toujours vibrante, éternellement nouvelle au milieu de la ruine des choses.

… Il est bienfaisant, ce livre qui nous ouvre toutes grandes les portes d’or du merveilleux pays des rêves, nous élève doucement bercés sur les ondes d’une eurythmie souple et puissante.

Les marauds n’entrent pas ici, non plus que les sots et les imbéciles qui s’ignorent. C’est le refuge, l’asile sacré où les pauvres gens de bien viennent chercher un instant l’oubli des bassesses, des trahisons, des vilenies petites et grosses, des malicieux caprices du hasard.

Il nous a paru bien court ce livre de trois cents pages où le génie du maître revit, palpite, resplendit au milieu d’un essaim de pensées charmantes, au vol léger.

Nous l’avons lu en quelques heures avec ravissement.

C’est la fête de l’esprit !


Le Gagne-Petit.
Charles Bigot.

…Les trois œuvres principales qui composent ce volume portent pour titres : l’Épée, Mangeront-ils ?, la Forêt mouillée.

L’Épée est un drame en cinq scènes d’une allure épique et farouche ; la Forêt mouillée, une sorte de comédie, fantastique à la façon des comédies de Shakespeare, où, plus encore que dans les comédies de Shakespeare, la nature tout entière s’anime et prend une voix. C’est la symphonie du printemps où tout