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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

PRÊTRE-PIERRE.

Oh ! quelle abjection ! Vous en répondez ! Quoi !
Des menaces !

SLAGISTRI.

Des menaces ! Non pas. Des craintes.

PRÊTRE-PIERRE.

Des menaces ! Non pas. Des craintes. Quelqu’un, toi,
Est de trop.

SLAGISTRI, sombre.

Est de trop. Il n’eût pas alors fallu me faire.

PRÊTRE-PIERRE, étendant le bras.

Je suis ton père. Sors.

Slagistri baisse la tête et se dirige vers le souterrain.
ALBOS.

Je suis ton père. Sors. Va-t’en !

SLAGISTRI, se redressant et regardant fixement Albos.

Je suis ton père. Sors. Va-t’en ! Je suis ton père.

Albos recule. — Slagistri rentre dans le souterrain.
Moment de stupeur dans la foule. Tous regardent Slagistri disparaître dans la caverne.
PRÊTRE-PIERRE.

Le temps finira-t-il par le calmer ? hélas !
Mais j’ai presque oublié dans tous ces noirs éclats
Que je suis attendu partout dans les chaumières
Pour du pain, pour un peu d’argent, pour des prières.
Et les malades ! Vite ! Ah ! mon pas est caduc !

Cris et bruits joyeux. Reviennent les hommes de la plaine qui sont partis à la première scène. Ils apportent des branches d’arbre, de toutes sortes, palmiers, lierres, houx, roses, et un grand écusson de bois doré. Les jeunes filles les accompagnent avec des charges de feuilles et de fleurs.