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AVANT L’EXIL. — RÉUNIONS ÉLECTORALES.

une honorable et grave députation. Une loi avait été présentée qui tendait à nier le droit que l’artiste industriel a sur son œuvre. J’ai combattu la disposition mauvaise que cette loi contenait ; je l’ai fait rejeter.

Le second discours a été prononcé le 20 mars de la même année, les journaux l’ont cité il y a quelques jours ; c’était pour la Pologne. Le 1er avril suivant, j’ai parlé pour la troisième fois. C’était encore pour le peuple ; c’était sur la question de la probité commerciale, sur les marques de fabrique. Deux mois après, les 2 et 5 juillet, j’ai repris la parole ; c’était pour la défense et la protection de notre littoral ; je signalais aux chambres ce fait grave que les côtes d’Angleterre sont hérissées de canons, et que les côtes de France sont désarmées.

Le cinquième discours date du 14 juin 1847. Ce jour-là, à propos de la pétition d’un proscrit, je me suis levé pour dire au gouvernement du roi Louis-Philippe ce que je regrette de n’avoir pu dire ces jours passés au gouvernement de la république : que c’est une chose odieuse de bannir et de proscrire ceux que la destinée a frappés. J’ai demandé hautement — il n’y a pas encore un an de cela — que la famille de l’empereur rentrât en France. La chambre me l’a refusé, la providence me l’a accordé. (Mouvement prolongé.)

Le sixième discours, prononcé le 13 janvier dernier, était sur l’Italie, sur l’unité de l’Italie, sur la révolution française, mère de la révolution italienne. Je parlais à trois heures de l’après-midi ; j’affirmais qu’une grande révolution allait s’accomplir dans la péninsule italienne. La chambre des pairs disait non, et, à la même minute, le 13 janvier, à trois heures, pendant que je parlais, le premier tocsin de l’insurrection sonnait à Palerme. (Nouveau mouvement.) C’est la dernière fois que j’ai parlé.

L’indépendance de ma pensée s’est produite sous bien d’autres formes encore ; je rappelle un souvenir que les auteurs dramatiques n’ont peut-être pas oublié. Dans une circonstance mémorable pour moi, c’était la première fois que je recueillais des gages de la sympathie populaire, dans un procès intenté à propos du drame le Roi s’amuse, dont le gouvernement avait suspendu les représentations,