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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Que demandez-vous ?

La révision de la constitution ?

Par qui ?

Par le souverain !

Où est-il ?

Nous ne le voyons pas. Qu’en a-t-on fait ? (Mouvement.)

Quoi ! une constitution a été faite par le suffrage universel, et vous voulez la faire défaire par le suffrage restreint !

Quoi ! ce qui a été édifié par la nation souveraine, vous voulez le faire renverser par une fraction privilégiée !

Quoi ! cette fiction d’un pays légal, témérairement posé en face de la majestueuse réalité du peuple souverain, cette fiction chétive, cette fiction fatale, vous voulez la rétablir, vous voulez la restaurer, vous voulez vous y confier de nouveau !

Un pays légal, avant 1848, c’était imprudent. Après 1848, c’est insensé ! (Sensation.)

Et puis, un mot.

Quel peut être, dans la situation présente, tant que la loi du 31 mai n’est pas abrogée, purement et simplement abrogée, entendez-vous bien, ainsi que toutes les autres lois de même nature et de même portée qui lui font cortège et qui lui prêtent main-forte, loi du colportage, loi contre le droit de réunion, loi contre la liberté de la presse, — quel peut être le succès de vos propositions ?

Qu’en attendez-vous ?

Qu’en espérez-vous ?

Quoi ! c’est avec la certitude d’échouer devant le chiffre immuable de la minorité, gardienne inflexible de la souveraineté du peuple, de la minorité, cette fois constitutionnellement souveraine et investie de tous les droits de la majorité, de la minorité, pour mieux dire, devenue elle-même majorité ! quoi ! c’est sans aucun but réalisable devant les yeux, car personne ne suppose la violation de l’article 111, personne ne suppose le crime… (mouvements divers) quoi ! c’est sans aucun résultat parlementaire possible que vous, qui vous dites des hommes pratiques, des hommes positifs, des hommes sérieux, qui faites à votre modestie cette violence de vous décerner à vous-mêmes, et à