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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

M. Victor Hugo. — Plus tard, quelques années après, Charles X régnait, je fis une pièce de théâtre, Marion de Lorme ; la censure interdit la pièce, j’allai trouver le roi, je lui demandai de laisser jouer ma pièce, il me reçut avec bonté, mais refusa de lever l’interdit. Le lendemain, rentré chez moi, je reçus de la part du roi l’avis que, pour me dédommager de cet interdit, ma pension était élevée de deux mille francs à six mille. Je refusai. (Long mouvement.) J’écrivis au ministre que je ne voulais rien que ma liberté de poëte mon indépendance d’écrivain. (Applaudissements prolongés à gauche.-Sensation même à droite.)

C’est là la lettre que vous tenez entre les mains. (Bravo ! bravo ! ) Je dis dans cette lettre que je n’offenserai jamais le roi Charles X. J’ai tenu parole, vous le savez. (Profonde sensation.)

M. de Larochejaquelein. — C’est vrai ! dans de bien admirables vers !

M. Victor Hugo, à la droite. — Vous voyez, messieurs, que vous ne riez plus et que j’avais raison de remercier M. de Falloux. (Oui ! oui ! Long mouvement. — Un membre rit au fond de la salle.)

À gauche. — Allons donc ! c’est indécent !

Plusieurs membres de la droite, à M. Victor Hugo. — Vous avez bien fait.

M. Soubies. — Celui qui a ri aurait accepté le tout.

M. Victor Hugo. — Je disais donc que la monarchie faisait quelquefois banqueroute. Je rappelais que, sous le régent, la monarchie avait empoché trois cent cinquante millions par l’altération des monnaies. Je continue. Sous Louis XV, neuf banqueroutes.

Voulez-vous que je vous rappelle celles qui me viennent à l’esprit ? Les deux banqueroutes Desmaretz, les deux banqueroutes des frères Pâris, la banqueroute du Visa et la banqueroute du Système… Est-ce assez de banqueroutes comme cela ? Vous en faut-il encore ? (Longue hilarité à gauche.)

En voici d’autres du même règne ; la banqueroute du cardinal Fleury, la banqueroute du contrôleur général Silhouette, la banqueroute de l’abbé Terray ! Je nomme ces banqueroutes de la monarchie du nom des ministres