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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

France finit toujours par retrouver son équilibre. Sa masse est l’élément de sa stabilité.

Et puis, il faut bien vous le dire, cette presse libre, cette tribune souveraine, ces comices populaires, ces multitudes faisant cercle autour d’une idée, ce peuple, auditoire tumultueux et tribunal patient, ces légions de votes gagnant des batailles là où l’émeute en perdait, ces tourbillons de bulletins qui couvrent la France à un jour donné, tout ce mouvement qui vous effraye n’est autre chose que la fermentation même du progrès (Très bien !), fermentation utile, nécessaire, saine, féconde, excellente ! Vous prenez cela pour la fièvre ? C’est la vie. (Longs applaudissements.)

Voilà ce que j’ai à répondre à M. Berryer.

Vous le voyez, messieurs, ni l’utilité, ni la stabilité politique, ni la sécurité financière, ni la prospérité publique, ni le droit, ni le fait, ne sont du côté de la monarchie dans ce débat.

Maintenant, car il faut bien en venir là, quelle est la moralité de cette agression contre la constitution, qui masque une agression contre la république ?

Messieurs, j’adresse ceci en particulier aux anciens, aux chefs vieillis, mais toujours prépondérants, du parti monarchique actuel, à ces chefs qui ont fait, comme nous, partie de l’assemblée constituante, à ces chefs avec lesquels je ne confonds pas, je le déclare, la portion jeune et généreuse de leur parti, qui ne les suit qu’à regret.

Du reste, je ne veux certes offenser personne, j’honore tous les membres de cette assemblée, et s’il m’échappait quelque parole qui pût froisser qui que ce soit parmi mes collègues, je la retire d’avance. Mais enfin, pourtant, il faut bien que je le dise, il y a eu des royalistes autrefois….

M. Callet. — Vous en savez quelque chose. (Exclamations à gauche. — N’interrompez pas !)

M. Charras, à M. Victor Hugo. — Descendez de la tribune.

M. Victor Hugo. — C’est évident ! il n’y a plus de liberté de tribune ! (Réclamations à droite.)

M. le président. — Demandez à M. Michel (de Bourges) si la liberté de la tribune est supprimée.