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NOTES. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.


fondément altérée par la fatigue. — Rires à droite. — L’orateur reprend.)

Le silence serait seulement de la pudeur. (Murmures à droite.)

M. Mortimer-Ternaux. — C’est le mot de Marat à la Convention.

M. le président, à la droite. — C’est vous qui avez donné la parole à l’orateur ; écoutez-le.

Voix nombreuses. — Parlez ! parlez !

M. Victor Hugo, lisant. — … « L’autre sera la sainte communion de tous les français dès à présent et de tous les peuples un jour dans le principe démocratique ; fondera la liberté sans usurpations et sans violences, une égalité qui admettra la croissance naturelle de chacun, une fraternité non de moines dans un couvent, mais d’hommes libres ; donnera à tous l’enseignement, comme le soleil donne la lumière, gratuitement ; introduira la clémence dans la loi pénale et la conciliation dans la loi civile ; multipliera les chemins de fer, reboisera une partie du territoire, en défrichera une autre ; décuplera la valeur du sol ; partira de ce principe qu’il faut que tout homme commence par le travail et finisse par la propriété ; assurera, en conséquence, la propriété comme la représentation du travail accompli, et le travail comme l’élément de la propriété future, respectera l’héritage, qui n’est autre chose que la main du père tendue aux enfants à travers le mur du tombeau ; combinera pacifiquement, pour résoudre le glorieux problème du bien-être universel, les accroissements continus de l’industrie, de la science, de l’art et de la pensée ; poursuivra, sans quitter terre pourtant et sans sortir du possible et du vrai, la réalisation sérieuse de tous les grands rêves des sages ; bâtira le pouvoir sur la même base que la liberté, c’est-à-dire sur le droit ; subordonnera la force à l’intelligence ; dissoudra l’émeute et la guerre, ces deux formes de la barbarie ; fera de l’ordre la loi du citoyen et de la paix la loi des nations ; vivra et rayonnera ; grandira la France, conquerra le monde ; sera, en un mot, le majestueux embrassement du genre humain sous le regard de Dieu satisfait.

« De ces deux républiques, celle-ci s’appelle la civilisation, celle-là s’appelle la terreur. Je suis prêt à dévouer ma vie pour établir l’une et empêcher l’autre.

« 26 mai 1848.
« Victor Hugo. »

À gauche en masse. — Bravo ! bravo !

M. Victor Hugo. — Voilà ma profession de foi électorale, et c’est à cause de cette profession de foi — je n’en ai pas fait d’autre — que j’ai été nommé.