Page:Hugo - Actes et paroles - volume 3.djvu/210

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n’est pas une raison pour triompher toujours. Écoutez ceci : s’il vous arrive jamais des vaincus de la cause injuste, recevez-les comme vous nous recevez. Le malheur est une des formes saintes du droit ; et, entendez-le bien, de ces vaincus possibles, je n’excepte personne. Il se peut qu’un jour, ― car les événements sont dans la main divine, et la main divine, c’est la main inépuisable, ― il se peut que, parmi ceux que les grandes tempêtes ou les grandes marées de l’avenir jetteront sur vos bords, il y ait notre propre proscripteur à nous qui sommes ici, chassé à son tour et malheureux. Eh bien ! soyez-lui cléments comme vous nous êtes justes ; ― s’il frappe à votre porte, ouvrez-la-lui, et dites-lui : « Ce sont ceux que vous avez proscrits qui nous ont demandé pour vous cet asile que nous vous donnons. »