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IX

LES ENFANTS PAUVRES

Noël. Décembre 1867.

J’éprouve toujours un certain embarras à voir tant de personnes réunies autour d’une chose si simple et si petite. Moi, solitaire, une fois par an j’ouvre ma maison. Pourquoi ? Pour montrer à qui veut la voir une humble fête, une heure de joie donnée, non par moi, mais par Dieu, à quarante enfants pauvres. Toute l’année la misère, un jour la joie. Est-ce trop !

Mesdames, c’est à vous que je m’adresse, car à qui offrir la joie des enfants, si ce n’est au cœur des femmes ? — Pensez toutes à vos enfants en voyant ceux-ci, et, dans la mesure de vos forces, et pour commencer dès l’enfance la fraternité des hommes, faites, vous qui êtes des mères heureuses et favorisées, faites que les petits riches ne soient pas enviés par les petits pauvres ! Semons l’amour. C’est ainsi que nous apaiserons l’avenir.

Comme je le disais l’an dernier, à pareille occasion, faire du bien à quarante enfants est un fait insignifiant ; mais si ce nombre de quarante enfants pouvait, par le concours de tous les bons cœurs, s’accroître indéfiniment, alors il y aurait un exemple utile. Et c’est dans ce but de propagande que j’ai consenti à laisser se répandre un peu de publicité sur le Dîner des enfants pauvres institué à Hauteville-House.