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V

GENÈVE ET LA PEINE DE MORT

Dans les derniers mois de 1862, la république de Genève revisa sa constitution. La question de la peine de mort se présenta. Un premier vote maintint l’échafaud ; mais il en fallait un second. Les républicains progressistes de Genève songèrent à Victor Hugo. Un membre de l’église réformée, M. Bost, auteur de plusieurs ouvrages estimés, lui écrivit une lettre dont voici les dernières lignes :

« La constituante genevoise a voté le maintien de la peine de mort par quarante-trois voix contre cinq ; mais la question doit reparaître bientôt dans un nouveau débat. Quel appui ce serait pour nous, quelle force nouvelle, si par quelques mots vous pouviez intervenir ! car ce n’est pas là une question cantonale ou fédérale, mais bien une question sociale et humanitaire, où toutes les interventions sont légitimes. Pour les grandes questions, il faut de grands hommes. Nos discussions auraient besoin d’être éclairées par le génie ; et ce nous serait à tous un grand secours qu’un coup de main qui nous viendrait de ce rocher vers lequel se tournent tant de regards. »

Cette lettre parvint à Victor Hugo le 16 novembre. Le 17 il répondait :

Hauteville-House, 17 novembre 1862.
Monsieur,

Ce que vous faites est bon ; vous avez besoin d’aide, vous vous adressez à moi, je vous remercie ; vous m’appelez, j’accours. Qu’y a-t-il ? Me voilà.