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IV

LA QUESTION DE PARIS

Par le traité voté, l’Assemblée avait disposé de la France ; il s’agissait maintenant de savoir ce qu’elle allait faire de Paris. La droite ne voulait plus de Paris ; il lui fallait autre chose. Elle cherchait une capitale ; les uns proposaient Bourges, les autres Fontainebleau, les autres Versailles. Le 6 mars, l’Assemblée discuta la question dans ses bureaux. Rentrerait-elle ou ne rentrerait-elle pas dans Paris ?

M. Victor Hugo faisait partie du onzième bureau. Voici ses paroles, telles qu’elles ont été reproduites par les journaux :

Nous sommes plusieurs ici qui avons été enfermés dans Paris et qui avons assisté à toutes les phases de ce siége, le plus extraordinaire qu’il y ait dans l’histoire. Ce peuple a été admirable. Je l’ai dit déjà et je le dirai encore. Chaque jour la souffrance augmentait et l’héroïsme croissait. Rien de plus émouvant que cette transformation : la ville de luxe était devenue ville de misère, la ville de mollesse était devenue ville de combat ; la ville de joie était devenue ville de terreur et de sépulcre. La nuit, les rues étaient toutes noires, pas un délit. Moi qui parle, toutes les nuits, je traversais, seul, et presque d’un bout à l’autre, Paris