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DEPUIS L’EXIL. — BORDEAUX.

Vous avez cinq milliards à payer ; pour cela il vous faut le crédit ; pour le crédit, il vous faut la tranquillité, il vous faut Paris. Il vous faut Paris rendu à la France, et la France rendue à Paris.

C’est-à-dire l’assemblée nationale siégeant dans la ville nationale.

L’intérêt public est ici étroitement d’accord avec le devoir public.

Si le séjour de l’Assemblée en province, qui n’est qu’un accident, devenait un système, c’est-à-dire la négation du droit suprême de Paris, je le déclare, je ne siégerais point hors de Paris. Mais ma résolution particulière n’est qu’un détail sans importance. Je ferais ce que je crois être mon devoir. Cela me regarde et je n’y insiste pas.

Vous, c’est autre chose. Votre résolution est grave. Pesez-la.

On vous dit : — N’entrez pas dans Paris ; les Prussiens sont là. — Qu’importe les Prussiens ! moi je les dédaigne. Avant peu, ils subiront la domination de ce Paris qu’ils menacent de leurs canons et qui les éclaire de ses idées.

La seule vue de Paris est une propagande. Désormais le séjour des prussiens en France est dangereux surtout pour le roi de Prusse.

Messieurs, en rentrant dans Paris, vous faites de la politique, et de la bonne politique.

Vous êtes un produit momentané. Paris est une formation séculaire. Croyez-moi, ajoutez Paris à l’Assemblée, appuyez votre faiblesse sur cette force, asseyez votre fragilité sur cette solidité.

Tout un côté de cette assemblée, côté fort par le nombre et faible autrement, a la prétention de discuter Paris, d’examiner ce que la France doit faire de Paris, en un mot de mettre Paris aux voix. Cela est étrange.

Est-ce qu’on met Paris en question ?

Paris s’impose.

Une vérité qui peut être contestée en France, à ce qu’il