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MORT DE CHARLES HUGO.

lence et aucune injustice ne nous fera renoncer à la vérité, au bien, à l’avenir, pas plus celles des événements que celles des gouvernements, pas plus la loi mystérieuse que la loi humaine, pas plus les malheurs que les condamnations, pas plus le tombeau que la prison !

« Vive la république universelle, démocratique et sociale ! »

Voici également quelques-unes des paroles prononcées, au nom de la presse de province, par M. Louis Mie :

« Chers concitoyens,

« Si ma parole, au lieu d’être celle d’un humble et d’un inconnu, avait l’autorité que donne le génie, qu’assurent d’éclatants services et que consacre un exil de vingt années, j’apporterais à la tombe de Charles Hugo l’expression profondément vraie de la reconnaissance que la province républicaine tout entière doit à cette armée généreuse qu’on nomme dans le monde, la presse républicaine de Paris. Charles marchait aux premiers rangs de ces intrépides du vrai, que tout frappe, mais que console le devoir accompli.

« C’est à l’heure où d’étroites défiances semblent vouloir nous séparer, nous qui habitons les départements, et nous isoler de la ville sœur aînée des autres cités de France, que nous sentons plus ardemment ce que nous lui devons d’amour à ce Paris qui, après nous avoir donné la liberté, nous a conservé l’honneur.

« Je n’ai pas besoin de rappeler quelle large part revient à Charles Hugo dans cette infatigable et sainte prédication de la presse parisienne. Je n’ai pas à retracer l’œuvre de cette vie si courte et si pleine. Je n’en veux citer qu’une chose : c’est qu’il est entré dans la lutte en poussant un cri d’indignation contre un attentat à l’inviolabilité de la vie humaine. Il avait tout l’éclat de la jeunesse et toute la solidité de la conviction. Il avait les deux grandes puissances, celle que donne le talent et celle que donne la bonté.

« Charles Hugo, vous aviez partout, en province comme à Paris, des amis et des admirateurs. Il y a des fils qui rapetissent le nom de leur père ; ce sera votre éternel honneur à vous d’avoir ajouté quelque chose à un nom auquel il semblait qu’on ne pût ajouter rien. »