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PARIS ET ROME.

IV

En 1848, dans les tragiques journées de juin, une des places de Paris fut brusquement envahie par les insurgés.

Cette place, ancienne, monumentale, sorte de forteresse carrée ayant pour muraille un quadrilatère de hautes maisons en brique et en pierre, avait pour garnison un bataillon commandé par un brave officier nommé Tombeur. Les redoutables insurgés de juin s’en emparèrent avec la rapidité irrésistible des foules combattantes.

Ici, très brièvement, mais très nettement, expliquons-nous sur le droit d’insurrection.

L’insurrection de juin avait-elle raison ?

On serait tenté de répondre oui et non.

Oui, si l’on considère le but, qui était la réalisation de la république ; non, si l’on considère le moyen, qui était le meurtre de la république.

L’insurrection de juin tuait ce qu’elle voulait sauver. Méprise fatale.

Ce contre-sens étonne, mais l’étonnement cesse si l’on considère que l’intrigue bonapartiste et l’intrigue légitimiste étaient mêlées à la sincère et formidable colère du peuple. L’histoire aujourd’hui le sait, et la double intrigue est démontrée par deux preuves, la lettre de Bonaparte à Rapatel, et le drapeau blanc de la rue Saint-Claude.

L’insurrection de juin faisait fausse route.

En monarchie, l’insurrection est un pas en avant ; en république, c’est un pas en arrière.

L’insurrection n’est un droit qu’à la condition d’avoir devant elle la vraie révolte, qui est la monarchie. Un peuple se défend contre un homme, cela est juste.

Un roi, c’est une surcharge ; tout d’un côté, rien de