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DEPUIS L’EXIL. — 1878.

révolution couronne l’autre, et le Droit de l’homme a pour point d’appui le Vote du peuple.

La loi d’équilibre est trouvée. Désormais nulle négation possible, nulle lutte possible, nulle émeute possible, pas plus du côté du pouvoir que du côté du peuple. Conciliation, telle est la fin de tout. C’est là un progrès suprême. Ledru-Rollin en a sa part, et ce sera son impérissable honneur d’avoir attaché son nom à ce suffrage universel qui contient en germe la pacification universelle. (Vive adhésion.)

Pacification ! Ô mes concitoyens, communions dans cette pensée divine ; que ce mot soit le mot du dix-neuvième siècle comme tolérance a été le mot du dix-huitième. Que la fraternité devienne et reste la première passion de l’homme. Hélas ! les rois s’acharnent à la guerre ; nous les peuples, acharnons-nous à l’amour.

La croissance de la paix, c’est là toute la civilisation. Tout ce qui augmente la paix augmente la certitude humaine ; adoucir les cœurs, c’est assurer l’avenir ; apaiser, c’est fonder.

Ne nous lassons pas de répéter parmi les peuples et parmi les hommes ces mots sacrés : Union, oubli, pardon, concorde, harmonie.

Faisons la paix. Faisons-la sous toutes les formes ; car toutes les formes de la paix sont bonnes. La paix a une ressemblance avec la clémence. N’oublions pas que l’idée de fraternité est une ; n’oublions pas que la paix n’est féconde qu’à la condition d’être complète et de s’appeler après les guerres étrangères Alliance, et après les guerres civiles Amnistie. (Acclamations prolongées.)

Je veux terminer ce que j’ai à dire par une parole de certitude et de foi, et j’ajoute, par une parole civique et humaine. Citoyens, j’en atteste le grand mort que nous honorons, la république vivra. C’est devant la mort qu’il faut affirmer la vie, car la mort n’est autre chose qu’une vie plus haute et meilleure. La république vivra parce