Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/102

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Du progrès qui se fait sa part à tout moment,
De la création maîtresse obscurément,
Du vrai démuselant l’ignorance sauvage,
Et du jour qui réduit toute âme en esclavage !
Esclavage superbe ! obéissance au droit
Par qui l’erreur s’écroule et la raison s’accroît !
Délivrez-vous des monts qui vous offrent leur cime.
Délivrez-vous de l’aile inconnue et sublime
Que vous ne voyez pas et que vous avez tous !
Délivrez-vous du vent que nous soufflons sur vous !
Délivrez-vous du monde ignoré qui commence,
Du devoir, du printemps et de l’espace immense !
Délivrez-vous de l’eau, de la terre, de l’air,
Et de notre Corneille et de votre Schiller,
De vos poumons voulant respirer, des prunelles
Qui vous montrent là-haut les clartés éternelles,
De la vérité, vraie à toute heure, en tout lieu,
D’aujourd’hui, de demain… - Délivrez-vous de Dieu !
Ah ! vous êtes en France, Allemands ! prenez garde !
Ah ! barbarie ! ah ! foule imprudente et hagarde,
Vous accourez avec des glaives ! ah ! vos camps,
Tels que l’ardent limon vomi par les volcans,
Roulent jusqu’à Paris hors de votre cratère !
Ah ! vous venez chez nous nous prendre un peu de terre !
Eh bien, nous vous prendrons tout votre cœur !

Demain,
Demain, le but français étant le but