Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/139

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La bouche pleine de Bazaine,
La Renommée au vol brisé
Salit de sa bave malsaine
Son vieux clairon vertdegrisé ;

Si l’on se bat, c’est contre un frère ;
On ne sait plus ton nom, Bayard !
On est un assassin pour faire
Oublier qu’on fut un fuyard ;

Une âpre nuit sur les fronts monte ;
Nulle âme n’ose s’envoler ;
Le ciel constate notre honte
Par le refus de s’étoiler ;

Froid sombre ! on voit, à plis funèbres,
Entre les peuples se fermer
Une profondeur de ténèbres
Telle qu’on ne peut plus s’aimer ;

Entre France et Prusse on s’abhorre ;
Tout ce troupeau d’hommes nous hait ;
Et notre éclipse est leur aurore,
Et notre tombe est leur souhait ;