Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


N’eût-il pas beaucoup plus de caboche qu’un rat,
Fût-il, sous la splendeur du cordon d’apparat,
Dans l’ombre enguirlandé d’un engin herniaire,
Reste auguste et puissant jusqu’à l’heure dernière
Et jusqu’au soubresaut de son hoquet final ;
Tous, l’homme de l’autel, l’homme du tribunal,
Prosternent devant lui leur grave platitude ;
Il a l’effarement de la décrépitude,
C’est toujours César ; même en ruine et mourant,
La majesté s’obstine et le couvre, il est grand ;
Et la pourpre est sur lui, sainte, splendide, austère,
Quand du sceptre et du trône il passe aux vers de terre ;
Agonisant, il règne ; on le voit s’assoupir,
On craint presque un tonnerre en son dernier soupir ;
La foule aux reins courbés le place en un tel temple
Qu’elle tremble, et d’en bas l’admire et le contemple
Quand misérable il entre au sépulcre béant,
Et le croit encor dieu qu’il est déjà néant.