Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/147

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                           V

Une dernière guerre ! hélas, il la faut ! oui.

Quoi ! le deuil triomphant, le meurtre épanoui,
Sont les conditions de nos progrès ! Mystère !
Quel est donc ce travail étrange de la terre ?
Quelle est donc cette loi du développement
De l’homme par l’enfer, la peine et le tourment ?
Pour quelque but final dont notre humble prunelle
N’aperçoit même pas la lueur éternelle,
L’être des profondeurs a-t-il donc décrété,
Dans les azurs sans fond de la sublimité,
Que l’homme ne doit point faire un pas qui n’enseigne
De quel pied il chancelle et de quel flanc il saigne,
Que la douleur est l’or dont se paie ici-bas
Le bonheur acheté par tant d’âpres combats ;
Que toute Rome doit commencer par un antre ;
Que tout enfantement doit déchirer le ventre ;
Qu’en ce monde l’idée aussi bien que la chair