Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Moscou c’était l’Asie et Paris c’est l’Europe.
Quoi ! du même linceul inepte on enveloppe
Et dans la même tombe on veut faire tenir
Moscou, le passé triste, et Paris, l’avenir !
Moscou de moins, qu’importe ? ôtez Paris, quelle ombre !
La boussole est perdue et le navire sombre ;
Le progrès stupéfait ne sait plus son chemin.
Si vous crevez cet œil énorme au genre humain,
Ce cyclope est aveugle, et, hors des faits possibles,
Il marche en tâtonnant avec des cris terribles ;
Du côté de la pente il va dans l’inconnu.

                         *

Sans Paris, l’avenir naîtra reptile et nu.
Paris donne un manteau de lumière aux idées.
Les erreurs, s’il les a seulement regardées,
Tremblent subitement et s’écroulent, ayant
En elles le rayon de cet œil foudroyant.
Comme au-dessous du temple on retrouve la crypte,
Et comme sous la Grèce on retrouve l’Égypte,
Et sous l’Égypte l’Inde, et sous l’Inde la nuit,
Sous Paris, par les temps et les races construit,
On retrouve, en creusant, toute la vieille histoire.
L’homme a gagné Paris ainsi qu’une victoire.
Le lui prendre à présent, c’est lui rendre son bât,