Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/312

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Plus j’ai de branches, plus j’ai de vastes rameaux,
Plus j’ai d’ombre terrible.

De là mon deuil tandis que vous êtes charmants.
Vous êtes l’ouverture
De l’âme en fleur mêlée aux éblouissements
De l’immense nature.

George est l’arbuste éclos dans mon lugubre champ ;
Jeanne dans sa corolle
Cache un esprit tremblant à nos bruits et tâchant
De prendre la parole.

Laissez en vous, enfants qu’attendent les malheurs,
Humbles plantes vermeilles,
Bégayer vos instincts, murmure dans les fleurs,
Bourdonnement d’abeilles.

Un jour vous apprendrez que tout s’éclipse, hélas !
Et que la foudre gronde
Dès qu’on veut soulager le peuple, immense Atlas,
Sombre porteur du monde.

Vous saurez que, le sort étant sous le hasard,
L’homme, ignorant auguste,
Doit vivre de façon qu’à son rêve plus tard
La vérité s’ajuste.