Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/88

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                         IV

Ecoute-moi, ton tour viendra d’être écouté.
O canon, ô tonnerre, ô guerrier redouté,
Dragon plein de colère et d’ombre, dont la bouche
Mêle aux rugissements une flamme farouche,
Pesant colosse auquel s’amalgame l’éclair,
Toi qui disperseras l’aveugle mort dans l’air,
Je te bénis. Tu vas défendre cette ville.
O canon, sois muet dans la guerre civile,
Mais veille du côté de l’étranger. Hier
Tu sortis de la forge épouvantable et fier ;
Les femmes te suivaient. Qu’il est beau ! disaient-elles.
Car les Cimbres sont là. Leurs victoires sont telles
Qu’il en sort de la honte, et Paris fait de loin
Signe aux princes qu’il prend les peuples à témoin.
La lutte nous attend ; viens, ô mon fils étrange,
Doublons-nous l’un par l’autre, et faisons un échange,