Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


L’aube et polichinelle ; on court, on jase, on rit ;
On parle à sa poupée, elle a beaucoup d’esprit ;
On mange des gâteaux et l’on saute à la corde.
On me demande un sou pour un pauvre ; j’accorde
Un franc ; merci, grand-père ! et l’on retourne au jeu,
Et l’on grimpe, et l’on danse, et l’on chante. Ô ciel bleu !
C’est toi le cheval. Bien. Tu traînes la charrette,
Moi je suis le cocher. A gauche ; à droite ; arrête.
Jouons aux quatre coins. Non ; à colin-maillard.
Leur clarté sur son banc réchauffe le vieillard.
Les bouches des petits sont de murmures pleines,
Ils sont vermeils, ils ont plus de fraîches haleines
Que n’en ont les rosiers de mai dans les ravins,
Et l’aurore frissonne en leurs cheveux divins.
Tout cela c’est charmant. — Tout cela c’est horrible !
C’est le péché !

                           Lisez nos missels, notre bible,
L’abbé Pluche, saint Paul, par Trublet annoté,
Veuillot, tout ce qui fait sur terre autorité.
Une conception seule est immaculée ;
Tous les berceaux sont noirs, hors la crèche étoilée ;
Ce grand lit de l’abîme, hyménée, est taché.
Où l’homme dit Amour ! le ciel répond Péché !
Tout est souillure, et qui le nie est un athée.
Toute femme est la honte, une seule exceptée.