Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/282

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Ô suprême beauté de l’enfant innocent !
Moi je pense, elle rêve ; et sur son front descend
Un entrelacement de visions sereines ;
Des femmes de l’azur qu’on prendrait pour des reines,
Des anges, des lions ayant des airs benins,
De pauvres bons géants protégés par des nains,
Des triomphes de fleurs dans les bois, des trophées
D’arbres célestes, pleins de la lueur des fées,
Un nuage où l’Eden apparaît à demi,
Voilà ce qui s’abat sur l’enfant endormi.
Le berceau des enfants est le palais des songes ;
Dieu se met à leur faire un tas de doux mensonges ;
De là leur frais sourire et leur profonde paix.
Plus d’un dira plus tard : Bon Dieu, tu me trompais.

Mais le bon Dieu répond dans la profondeur sombre :
— Non. Ton rêve est le ciel. Je t’en ai donné l’ombre.
Mais ce ciel, tu l’auras. Attends l’autre berceau ;
La tombe. —
                     Ainsi je songe. Ô printemps ! Chante, oiseau !