Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/286

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César, je le flétris ; destin, je le secoue.
Je questionne l’ombre et je fouille la boue ;
L’empereur, ce brigand, le hasard, ce bandit,
Eveillent ma colère ; et ma strophe maudit
Avec des pleurs sanglants, avec des cris funèbres,
Le sort, ce mauvais drôle errant dans les ténèbres ;
Je rappelle la nuit, le gouffre, le ciel noir,
Et les événements farouches, au devoir.
Je n’admets pas qu’il soit permis aux sombres causes
Qui mêlent aux droits vrais l’aveuglement des choses
De faire rebrousser chemin à la raison ;
Je dénonce un revers qui vient par trahison ;
Quand la gloire et l’honneur tombent dans une embûche,
J’affirme que c’est Dieu lui-même qui trébuche ;
J’interpelle les faits tortueux et rampants,
La victoire, l’hiver, l’ombre et ses guet-apens ;
Je dis à ces passants quelconques de l’abîme
Que je les vois, qu’ils sont en train de faire un crime,
Que nous ne sommes point des femmes à genoux,
Que nous réfléchissons, qu’ils prennent garde à nous,
Que ce n’est pas ainsi qu’on doit traiter la France,
Et que, même tombée au fond de la souffrance,
Même dans le sépulcre, elle a l’étoile au front.
Je voudrais bien savoir ce qu’ils me répondront.
Je suis un curieux, et je gênerai, certe,
Le destin qu’un regard sévère déconcerte,
Car on est responsable au ciel plus qu’on ne croit.
Quand le progrès devient boiteux, quand Dieu décroît