Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/118

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quelques secondes le glissement d’une tuile sur un toit ; il dégringola jusqu’à l’extrême bord de la chute ; une touffe d’herbe empoignée à propos le sauva. Il ne cria pas plus devant l’abîme qu’il n’avait crié devant les hommes ; il s’affermit et remonta silencieux. L’escarpement était haut. Il eut ainsi quelques péripéties. Le précipice s’aggravait de l’obscurité. Cette roche verticale n’avait pas de fin. Elle reculait devant l’enfant dans la profondeur d’en haut. À mesure que l’enfant montait, le sommet semblait monter. Tout en grimpant, il considérait cet entablement noir, posé comme un barrage entre le ciel et lui. Enfin il arriva.

Il sauta sur le plateau. On pourrait presque dire : il prit terre, car il sortait du précipice.

À peine fut-il hors de l’escarpement qu’il grelotta. Il sentit à son visage la bise, cette morsure de la nuit. L’aigre vent du nord-ouest soufflait. Il serra contre sa poitrine sa serpillière de matelot.

C’était un bon vêtement. Cela s’appelle, en langage du bord, un suroit, parce que cette sorte de vareuse-là est peu pénétrable aux pluies du sud-ouest.