Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/168

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unique, l’Être, sous sa triple face ; l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ; en ce qu’on pourrait appeler trois chants : la Légende des Siècles, la Fin de Satan, Dieu. Il publie aujourd’hui un premier carton de cette esquisse. Les autres suivront. Nul ne peut répondre d’achever ce qu’il a commencé, pas une minute de continuation certaine n’est assurée à l’œuvre ébauchée ; la solution de continuité, hélas ! c’est tout l’homme ; mais il est permis, même au plus faible, d’avoir une bonne intention et de la dire. Or, l’intention de ce livre est bonne. L’épanouissement du genre humain de siècle en siècle, l’homme montant des ténèbres à l’idéal, la transfiguration paradisiaque de l’enfer terrestre, l’éclosion lente et suprême de la liberté, droit pour cette vie, responsabilité pour l’autre ; une espèce d’hymne religieux à mille strophes, ayant dans ses entrailles une foi profonde et sur son sommet une haute prière ; le drame de la création éclairé par le visage du créateur, voilà ce que sera, terminé, ce poëme dans son ensemble ; si Dieu, maître des existences humaines, y consent.

Hauteville house. Septembre 1859.