Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/180

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Qui du verbe éternel avait gardé l’accent, Sur ce monde céleste, angélique, innocent, Le matin, murmurant une sainte parole, Souriait, et l’aurore était une auréole. Tout avait la figure intègre du bonheur ; Pas de bouche d’où vînt un souffle empoisonneur ; Pas un être qui n’eût sa majesté première ; Tout ce que l’infini peut jeter de lumière Éclatait pêle-mêle à la fois dans les airs ; Le vent jouait avec cette gerbe d’éclairs Dans le tourbillon libre et fuyant des nuées ; L’enfer balbutiait quelques vagues huées Qui s’évanouissaient dans le grand cri joyeux Des eaux, des monts, des bois, de la terre et des cieux ! Les vents et les rayons semaient de tels délires Que les forêts vibraient comme de grandes lyres ; De l’ombre à la clarté, de la base au sommet, Une fraternité vénérable germait ;