Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/190

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Comme le front ayant la lueur la plus haute ; Et, quand tous deux, la main dans la main, côte à côte, Erraient dans la clarté de l’Éden radieux, La nature sans fond, sous ses millions d’yeux, À travers les rochers, les rameaux, l’onde et l’herbe, Couvait, avec amour pour le couple superbe, Avec plus de respect pour l’homme, être complet, Ève qui regardait, Adam qui contemplait.

Mais, ce jour-là, ces yeux innombrables qu’entr’ouvre L’infini sous les plis du voile qui le couvre, S’attachaient sur l’épouse et non pas sur l’époux, Comme si, dans ce jour religieux et doux, Béni parmi les jours et parmi les aurores, Aux nids ailés perdus sous les branches sonores, Au nuage, aux ruisseaux, aux frissonnants essaims, Aux bêtes, aux cailloux, à tous ces êtres saints Que de mots ténèbreux la terre aujourd’hui nomme, La femme eût apparu plus auguste que l’homme !


VI

Pourquoi ce choix ? pourquoi cet attendrissement Immense du profond et divin firmament ?