Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/207

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Tout à coup, se tournant vers l’Être, Iblis hurla : « Donne-moi la couleur de l’or. » Dieu dit : « Prends-la. » Et, grondant et râlant comme un bœuf qu’on égorge, Le démon se remit à battre dans sa forge ; Il frappait du ciseau, du pilon, du maillet, Et toute la caverne horrible tressaillait ; Les éclairs des marteaux faisaient une tempête ; Ses yeux ardents semblaient deux braises dans sa tête ; Il rugissait ; le feu lui sortait des naseaux, Avec un bruit pareil au bruit des grandes eaux Dans la saison livide où la cigogne émigre. Dieu dit : « Que te faut-il encor ? — Le bond du tigre. — Prends. — C’est bien, dit Iblis debout dans son volcan. — Viens m’aider à souffler, » dit-il à l’ouragan. L’âtre flambait ; Iblis, suant à grosses gouttes, Se courbait, se tordait, et, sous les sombres voûtes, On ne distinguait rien qu’une sombre rougeur