Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/286

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Le cèdre, enraciné sous le mur du santon, N’eut pas même un frisson et demeura paisible.

Le scheik alors tourna ses yeux vers l’invisible, Fit trois pas, puis, ouvrant sa droite et la levant : « Va ! cria-t-il, va, cèdre, au nom du Dieu vivant !

— Que n’as-tu prononcé ce nom plus tôt ? » dit l’arbre. Et, frissonnant, brisant le dur rocher de marbre, Dressant ses bras ainsi qu’un vaisseau ses agrès, Fendant la vieille terre aïeule des forêts, Le grand cèdre, arrachant aux profondes crevasses Son tronc et sa racine et ses ongles vivaces, S’envola comme un sombre et formidable oiseau. Il passa le mont Gour posé comme un boisseau Sur la rouge lueur des forgerons d’Érèbe ;