Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que Kanut était saint, que Kanut était grand, Qu’un céleste parfum sortait de sa mémoire, Et qu’ils le voyaient, eux, les prêtres, dans la gloire, Assis comme un prophète à la droite de Dieu.

Le soir vint ; l’orgue en deuil se tut dans le saint lieu ; Et les prêtres, quittant la haute cathédrale, Laissèrent le roi mort dans la paix sépulcrale. Alors il se leva, rouvrit ses yeux obscurs, Prit son glaive, et sortit de la tombe, les murs Et les portes étant brumes pour les fantômes ; Il traversa la mer qui reflète les dômes Et les tours d’Altona, d’Aarhus et d’Elseneur ; L’ombre écoutait les pas de ce sombre seigneur ; Mais il marchait sans bruit étant lui-même un songe ; Il alla droit au mont Savo que le temps ronge,