Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/303

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Par se mêler, faisaient des nuages de sang ; Il marchait, il marchait ; de l’insondable voûte Le sang continuait à pleuvoir goutte à goutte, Toujours, sans fin, sans bruit, et comme s’il tombait De ces pieds noirs qu’on voit la nuit pendre au gibet ; Hélas ! qui donc pleurait ces larmes formidables ? L’infini. Vers les cieux, pour le juste abordables, Dans l’océan de nuit sans flux et sans reflux, Kanut s’avançait, pâle et ne regardant plus ; Enfin, marchant toujours comme en une fumée, Il arriva devant une porte fermée Sous laquelle passait un jour mystérieux ; Alors sur son linceul il abaissa les yeux ; C’était l’endroit sacré, c’était l’endroit terrible ; On ne sait quel rayon de Dieu semble visible ; De derrière la porte on entend l’hosanna.

Le linceul était rouge et Kanut frissonna.

Et c’est pourquoi Kanut, fuyant devant l’aurore