Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/343

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Le péril fut toujours de toi bien accueilli, Comte ; eh bien, prends Narbonne, et je t’en fais bailli.

— Sire, dit le Gantois, je voudrais être en Flandre. J’ai faim, mes gens ont faim ; nous venons d’entreprendre Une guerre à travers un pays endiablé ; Nous y mangions, au lieu de farine de blé, Des rats et des souris, et, pour toutes ribotes, Nous avons dévoré beaucoup de vieilles bottes. Et puis votre soleil d’Espagne m’a hâlé Tellement, que je suis tout noir et tout brûlé ; Et, quand je reviendrai de ce ciel insalubre Dans ma ville de Gand avec ce front lugubre, Ma femme, qui déjà peut-être a quelque amant, Me prendra pour un maure et non pour un flamand ! J’ai hâte d’aller voir là-bas ce qui se passe. Quand vous me donneriez, pour prendre cette place, Tout l’or de Salomon et tout l’or de Pépin, Non ! je m’en vais en Flandre, où l’on mange du pain.

— Ces bons flamands, dit Charle, il faut que cela mange ! »