Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/348

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Je reste ici, rempli de joie et d’espérance ! Et, quand vous serez tous dans notre douce France, Ô vainqueurs des Saxons et des Aragonais ! Quand vous vous chaufferez les pieds à vos chenets, Tournant le dos aux jours de guerres et d’alarmes, Si l’on vous dit, songeant à tous vos grands faits d’armes Qui remplirent longtemps la terre de terreur : « Mais où donc avez-vous quitté votre empereur ? » Vous répondrez, baissant les yeux vers la muraille : « Nous nous sommes enfuis le jour d’une bataille, Si vite et si tremblants et d’un pas si pressé Que nous ne savons plus où nous l’avons laissé ! »

Ainsi Charles de France appelé Charlemagne, Exarque de Ravenne, empereur d’Allemagne, Parlait dans la montagne avec sa grande voix ; Et les pâtres lointains, épars au fond des bois, Croyaient en l’entendant que c’était le tonnerre.

Les barons consternés fixaient leurs yeux à terre.