Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/380

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Et qu’enfin, c’est un flot terrible qui vient là, Devant toutes ces mains dans tant d’horreurs trempées, On n’a pas songé même à courir aux épées ; On sent qu’en cet essaim que la rage assembla, Chaque monstre est un grain de cendre d’Attila, Qu’ils sont fléaux, qu’ils ont en eux l’esprit de guerre ; Qu’ouverts comme Oyarzun, fermés comme Figuère, Tous les bourgs sont égaux devant l’effrayant vol De ces chauves-souris du noir ciel espagnol, Et que tours et créneaux croulent comme des rêves Au tourbillonnement farouche de leurs glaives ; Nul ne résiste ; on meurt. Tas d’hommes poursuivis ! Pas une ville n’a dressé son pont-levis, Croyant fléchir les rois écumants de victoire Par l’acceptation tremblante de leur gloire. On se cache, on s’enfuit, chacun avec les siens. Ils ont vers Gesufal envoyé leurs anciens, Pieds nus, la corde au cou, criant miséricorde ; Fidèle à sa promesse, il a serré la corde.

On n’a pas même à Reuss, ô fureur de ces rois ! Épargné le couvent des Filles de la Croix ; Comme on force un fermoir pour feuilleter un livre, Ils en ont fait briser la porte au soldat ivre. Hélas ! Christ abritait sous un mur élevé