Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/424

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Qu’un puits profond, avec une pierre dessus. »

Cela se dit pendant que les gueux, pêle-mêle, Boivent l’ombre et le rêve à l’obscure mamelle Du sommeil ténébreux et muet ; et, pendant Que l’enfant songe, assis sous le soleil ardent. Le prêtre mange, avec les prières d’usage.


V

LES SOLDATS CONTINUENT DE DORMIR ET LES INFANTS DE CAUSER

Une faute : on n’a point fait garder le passage. Ô don Ruy le Subtil, à quoi donc pensez-vous ? Mais don Ruy répondrait : « J’ai la ronce et le houx, Et chaque pan de roche est une sentinelle ; La fauve solitude est l’amie éternelle Des larrons, des voleurs et des hommes de nuit ; Ce pays ténébreux comme un antre est construit. Et nous avons ici notre aire inabordable ; C’est un vieux recéleur que ce mont formidable ; Sinistre, il nous accepte, et, quoi que nous fassions, Il cache dans ses trous toutes nos actions ; Et que pouvons-nous donc craindre dans ces provinces, Étant bandits aux champs et dans les villes princes ? »

Le débat sur le roi continue. « Il faudrait, Dit l’infant Ruy, trouver quelque couvent discret,