Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/430

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Des coups d’épée, et j’ai la Colère pour nom, Et les poils de mon bras font peur aux bêtes fauves. Ce nain vivra tondu parmi les vieillards chauves ; Il se pourrait aussi, pour le bien de l’état, Si l’on trouvait un puits très-creux, qu’on l’y jetât ; Moi, je l’aimerais mieux moine en quelque cachette, Servant la messe au prêtre avec une clochette. Pour nous, chacun de nous étant prince et géant, Nous gardons sceptre et lance, et rien n’est mieux séant Qu’aux enfants la chapelle et la bataille aux hommes. Il a précisément dix comtés, et nous sommes Dix princes ; est-il rien de plus juste ? À présent, N’est-ce pas, tu comprends cette affaire, passant ? Elle est simple, et l’on peut n’en pas faire mystère ; Et le jour ne va pas s’éclipser, et la terre Ne va pas refuser aux hommes le maïs, Parce que dix seigneurs partagent un pays, Et parce qu’un enfant rentre dans la poussière. »

Le chevalier leva lentement sa visière : « Je m’appelle Roland, pair de France, » dit-il.