Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/483

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Mahaud est aujourd’hui marquise de Lusace. Dame, elle a la couronne, et, femme, elle a la grâce ; Une reine n’est pas reine sans la beauté. C’est peu que le royaume, il faut la royauté. Dieu dans son harmonie également emploie Le cèdre qui résiste et le roseau qui ploie, Et, certes, il est bon qu’une femme parfois Ait dans sa main les mœurs, les esprits et les lois, Succède au maître altier, sourie au peuple, et mène, En lui parlant tout bas, la sombre troupe humaine ; Mais la douce Mahaud, dans ces temps de malheur, Tient trop le sceptre, hélas ! comme on tient une fleur ; Elle est gaie, étourdie, imprudente et peureuse. Toute une Europe obscure autour d’elle se creuse ; Et, quoiqu’elle ait vingt ans, on a beau la prier, Elle n’a pas encor voulu se marier. Il est temps cependant qu’un bras viril l’appuie ; Comme l’arc-en-ciel rit entre l’ombre et la pluie, Comme la biche joue entre le tigre et l’ours,