Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/536

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ont roulé, dans mon ombre indignée et sévère, Sur une femme, après avoir roulé sur Dieu. Vous avez joué là, rois, un lugubre jeu. Mais, soit. Je ne vais pas perdre à de la morale Ce moment que remplit la brume sépulcrale. Vous ne voyez plus clair dans vos propres chemins, Et vos doigts ne sont plus assez des doigts humains Pour qu’ils puissent tâter vos actions funèbres ; À quoi bon présenter le miroir aux ténèbres ? À quoi bon vous parler de ce que vous faisiez ? Boire de l’ombre, étant de nuit rassasiés, C’est ce que vous avez l’habitude de faire, Rois, au point de ne plus sentir dans votre verre L’odeur des attentats et le goût des forfaits. Je vous dis seulement que ce vil portefaix, Votre siècle, commence à trouver vos altesses Lourdes d’iniquités et de scélératesses ; Il est las, c’est pourquoi je vous jette au monceau D’ordures que des ans emporte le ruisseau ! Ces jeunes gens penchés sur cette jeune fille, J’ai vu cela ! Dieu bon, sont-ils de la famille Des vivants, respirant sous ton clair horizon ?