Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/29

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L’énigme dans leurs yeux semble presque sourire ;
Chacun d’eux porte un mot sur sa tête sculpté,
Et ces dix mots sont : Gloire, Amour, Jeu, Volupté,
Santé, Bonheur, Beauté, Grandeur, Victoire, Joie.

Et le sultan s’écrie :
« Ô sphinx dont l’œil flamboie,
Je suis le Conquérant ; mon nom est établi
Dans l’azur des cieux, hors de l’ombre et de l’oubli ;
Et mon bras porte un tas de foudres qu’il secoue ;
Mes exploits fulgurants passent comme une roue ;
Je vis ; je ne suis pas ce qu’on nomme un mortel ;
Mon trône vieillissant se transforme en autel ;
Quand le moment viendra que je quitte la terre,
Étant le jour, j’irai rentrer dans la lumière ;
Dieu dira : « Du sultan je veux me rapprocher. »
L’aube prendra son astre et viendra me chercher.
L’homme m’adore avec des faces d’épouvante ;
L’Orgueil est mon valet, la Gloire est ma servante ;
Elle se tient debout quand Zizimi s’assied ;
Je dédaigne et je hais les hommes ; et mon pied
Sent le mou de la fange en marchant sur leurs nuques.
À défaut des humains, tous muets, tous eunuques,