Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/111

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La force avait le droit. Qu’était la conscience ?
Une reptilité sous un écrasement.
On regardait l’autel en face et le serment,
Et l’on se parjurait, et l’hymne et la huée
Riaient, et l’âme humaine était diminuée.
L’honnête et le néfaste et le mal et le bien
S’effaçaient dans les cœurs ; l’homme ne voyait rien
Qu’une noirceur croissante au-dessus de sa tête ;
Une lueur de torche illuminait le faîte
De l’univers sur qui marchaient les conquérants ;
Les uns étaient petits, les autres étaient grands,
Personne n’était pur, saint, vénérable et juste ;
De même que d’Octave avait pu naître Auguste,
De la fange partout sortait l’autorité.
Le destin avait l’air d’un abîme irrité ;
L’ombre se résolvait en haine autour de l’âme.
L’or sentait bon. Le sage était celui qui blâme
La vertu, le devoir, la foi, le dévouement ;
Le plus voisin du vrai c’était celui qui ment ;
La mort régnait avec les licteurs pour ministres ;
Le genre humain pendait en deux haillons sinistres,
Comme si Dieu l’avait déchiré de ses mains ;
Les hommes d’un côté, de l’autre les romains.