Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/118

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L’arbre qu’il regardait changeait ses fleurs en fruits.
Un jour que quelques juifs profonds et très instruits
Lui disaient : « - Dans le ciel que le pied divin foule,
Quel sera le plus grand ? » cet homme dans la foule
Prit un petit enfant qu’il mit au milieu d’eux.
Calme, il forçait l’essaim invisible et hideux
Des noirs esprits du mal, rois des ténébreux mondes,
A se précipiter dans les bêtes immondes.
Et ce mage était grand plus qu’Isaïe, et plus
Que tous ces noirs vieillards épars dans les reflux
De la vertigineuse et sombre prophétie ;
Et l’homme du désert, Jean, près de ce Messie,
N’était rien qu’un roseau secoué par le vent.
Il n’était pas docteur, mais il était savant ;
Il conversait avec les faces inconnues
Qu’un homme endormi voit en rêve dans les nues ;
Des lumières venaient lui parler sur les monts ;
Il lavait les péchés ainsi que des limons,
Et délivrait l’esprit de la fange charnelle ;
Satan fuyait devant l’éclair de sa prunelle ;
Ses miracles étaient l’expulsion du mal ;
Il calmait l’ouragan, haranguait l’animal,
Et parfois on voyait naître à ses pieds des roses ;
Et sa mère en son cœur gardait toutes ces choses.