Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/149

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Delphes contre Eleusis, Thèbes contre Sion,
« Dans l’immobilité de la création ?
« C’est l’ennui du voyant d’entendre les querelles
« Des superstitions se dévorant entre elles,
« Tous ces mages, luttant, affirmant ou niant,
« Et tous ces disputeurs de cendre et de néant
« Qui font tourbillonner leurs misérables rixes
« Entre les tombeaux noirs et les étoiles fixes !

« Un dogme est l’oiseleur, guettant dans la forêt,
« Qui, parce qu’il a pris un passereau, croirait
« Avoir tous les oiseaux du ciel bleu dans sa cage.
« La salutation du jonc au marécage
« N’est pas plus vaine, au fond du bois vague et jauni,
« Que les saluts que fait un homme à l’infini.
« Tout ce que vous nommez vérité devient fable
« Devant l’inénarrable et devant l’ineffable.
« Dieu ! rêve ! Oui finit par ressembler à Non.
« La raison de celui qui prononce ce nom
« S’en va, comme le sang quand on ouvre la veine.
« Oh ! que le verbe est nul ! que la syllabe est vaine !
« Comme le nombre est vite essoufflé quand il faut
« Faire l’addition du bas avec le haut,
« Et, de la profondeur remontant à la cime,
« Compter le gouffre après avoir compté l’abîme ! »
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