Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/173

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Dans l’obscurité, grand, dans la clarté, divin,
Vous régnez ; votre front brille en ce monde vain
Comme un bleuet parmi les seigles ;
Absent, présent, de loin, de près, vous me tenez ;
Venez de l’ombre où sont les lions, et venez
De la lumière où sont les aigles !

J’ai cherché dans ma chambre et ne l’ai pas trouvé ;
Et j’ai toute la nuit couru sur le pavé,
Et la lune était froide et blême,
Et la ville était noire, et le vent était dur,
Et j’ai dit au soldat sinistre au haut du mur :
Avez-vous vu celui que j’aime ?

Quand tu rejetteras la perle en ton reflux,
O mer ; quand le printemps dira : « Je ne veux plus
« Ni de l’ambre, ni du cinname ! »
Quand on verra le mois Nisan congédier
La rose, le jasmin, l’iris et l’amandier,
Je le renverrai de mon âme.

S’il savait à quel point je l’aime, il pâlirait.
Viens ! le lys s’ouvre ainsi qu’un précieux coffret,
Les agneaux sont dans la prairie,
Le vent passe et me dit : « Ton souffle est embaumé ! »
Mon bien-aimé, mon bien-aimé, mon bien-aimé,
Toute la montagne est fleurie !